Dans cette interview accordée à LD MEDIA DEVELOPMENT et parue dans la revue « Yearbook Rapport Economique Togo 2022-2023 », le Ministre du commerce, de l’industrie et de la consommation locale, Monsieur Kodjo ADEDZE met l’accent sur les opportunités de la ZLECAf pour les acteurs du secteur de l’agro-industrie et les défis de la consommation locale au Togo.
1- La stratégie Togo 2025 mise sur l’agro-industrie. Qu’apporte l’entrée en vigueur de la ZLECAf pour les industriels dans ce secteur ?
Le Ministère du commerce, de l’industrie et de la consommation locale s’aligne sur la feuille de route gouvernementale Togo 2025 à travers l’axe 2 qui consiste à dynamiser la création d’emplois en s’appuyant sur les forces de l’économie.
Dans cette optique, il est important de faire émerger un véritable tissu industriel dynamique à travers l’accompagnement des industries manufacturières vers la croissance.
Parmi les projets et réformes du Gouvernement, notre département est en lead sur la construction d’une plateforme industrielle autour du Port de Lomé (Plateforme Industrielle d’Adétikopé : PIA), une Plateforme logistique de 400 hectares pour la première phase, dédiée aux industries manufacturières, extractives et agroalimentaires. Cette plateforme a été inaugurée le 06 juin 2021 par Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République.
La PIA comprend une zone industrielle, un port sec d’une capacité de 12.500 conteneurs, un parking à camions de 700 places, des entrepôts de stockage de matières premières et de produits finis, une caserne de sapeurs-pompiers ainsi qu’un guichet unique pour faciliter les formalités administratives.
La ZLECAf offre un potentiel important pour transformer le paysage économique sur l’ensemble du continent et aider les pays à atteindre des niveaux plus élevés d’industrialisation, de création d’emplois, de croissance économique soutenue et de développement.
Dans ce contexte, l’industrie constitue un secteur stratégique qui vise à stimuler la transformation économique par l’augmentation des niveaux de productivité, de compétitivité et d’innovation. L’industrie agro-alimentaire reste un cadre de valorisation des produits agricoles.
Le Togo est déterminé à tirer d’immenses avantages de la mise en œuvre de la ZLECAf. A cet effet, il a élaboré une stratégie nationale de mise en œuvre assortie d’une matrice d’actions.
Ces actions visent à densifier le tissu industriel togolais et à s’intégrer dans le système commercial régional, continental et international afin d’accélérer la croissance économique du pays.
Pour la réalisation de cette ambitieuse, le Togo met à profit sa participation aux accords commerciaux sur le plan régional, continental et mondial.
Sur le plan continental, la ZLECAf constitue un marché de 1,3 milliard de consommateurs représentant plus de 2.500 milliards de dollars de PIB cumulé.
L’appartenance du Togo à la ZLECAf permet d’accroître ses exportations avec l’émergence de nouveaux exportateurs, en particulier les micros, petites et moyennes entreprises etprofiter des potentialités offertes par cette zone de libre-échange pour tirer parti des avantages comparatifs et concurrentiels.
Par ailleurs, le Togo s’est doté d’un plan stratégique de développement des agropoles 2017-2030, approuvé par décret n°2017-110/PR du 29 septembre 2017.
Ce plan stratégique portant sur la mise en place de l’agropole de Kara consiste pour l’essentiel à développer, sur une superficie de 165.000 hectares, des infrastructures hydro-agricoles sur le site du bassin de la Kara, à mettre en valeur les terres agricoles et à appuyer l’installation d’unités de transformation (agro-industrie) à travers l’investissement privé pour favoriser la transformation et la valorisation de la production agricole dans la zone du projet.
2- La Commission de l’UEMOA veut promouvoir la consommation des biens et services locaux. Comment abordez-vous ce défi au Togo ?
Je voudrais préciser que la promotion de la consommation des biens et services locaux constitue l’une des priorités du Gouvernement traduite dans la Vision stratégique 2025.
Elle vise le développement industriel dans les secteurs à haute valeur ajoutée pour satisfaire la demande nationale, régionale et internationale.
En effet, l’initiative prise par l’UEMOA lors d’une rencontre des ministres chargés du commerce tenue le 25 octobre 2019 à Ouagadougou vise à promouvoir les biens et services locaux de l’espace communautaire et faire de la consommation locale, un moteur de création d’emplois et de richesse surtout pour les jeunes et les femmes.
Pour ce faire, plusieurs actions sont menées afin d’encourager la production, la transformation et la commercialisation en vue de susciter l’envie et l’intérêt des populations pour la consommation ou l’utilisation de divers biens et services locaux.
Il s’agit notamment de :
– la signature d’une note circulaire par Madame le Premier Ministre pour encourager et inciter à la consommation des biens et services locaux ;
– la création d’une direction de la promotion de la consommation locale par le décret n°2021-084/PR du 11 août 2021 fixant attributions du ministre et portant organisation et fonctionnement du ministère du commerce, de l’industrie et de la consommation locale ;
– la mise en place d’un « hall consommer local » au sein de notre département pour une meilleure visibilité des produits « Made in Togo » ;
– l’organisation de deux éditions du « Mois du consommer local » à Lomé et dans les cinq chefs-lieux de région ;
– l’organisation de concours de meilleurs promoteurs de servies et produits locaux à l’endroit des surfaces de distribution ;
– l’élaboration d’une stratégie de promotion de la consommation locale assortie d’un plan d’actions.
– l’organisation d’une campagne de visibilité des promoteurs et de produits et services locaux ;
– l’élaboration d’un répertoire des produits « Made in Togo ».
3- Quel message pourriez-vous adresser aux investisseurs concernant l’attractivité du secteur dont vous avez la charge ?
Dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route gouvernementale 2020-2025, il est attendu du secteur privé un financement à hauteur de 50 %.
A cet effet, le Gouvernement, sous l’impulsion de Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République, a entrepris un vaste programme de réformes en vue d’une amélioration continue du climat des affaires.
En plus de ces réformes, le Togo dispose d’énormes atouts et potentialités en matière d’investissements. On peut noter entre autres :
– la stabilité politique et sociale
Le Togo est un pays de paix, de sécurité et d’harmonie sociale qui permet à tout investisseur de mener convenablement ses activités.
– la disponibilité de terres pour la production agricole et la transformation des matières premières :
– la disponibilité des infrastructures adéquates notamment :
• Le Port Autonome de Lomé (PAL)
Le Port Autonome de Lomé (PAL) est le premier port d’Afrique de l’Ouest et centrale, d’après le classement de The Maritime Executive. C’est le seul port en eaux profondes naturelles de la sous-région avec un tirant d’eau de 16,6 mètres et d’une longueur de 1050 mètres Il a la capacité d’accueillir des navires de dernière génération 24h/24.
Le PAL sert à desservir les pays de l’hinterland (Burkina Faso, Niger, Mali). Il permet en outre de rejoindre les principaux ports européens en 7 jours en moyenne, les Etats-Unis en 13 jours (sous réserve de liaisons directes) et la Chine en 29 jours.
Le positionnement central, la qualité des services et les activités de transbordement font du PAL, un hub régional incontournable.
• L’Aéroport International GNASSINGBE Eyadéma
Avec la nouvelle aérogare de 21 000 m², l’aéroport international GNASSINGBE Eyadéma (AIGE) peut accueillir jusqu’à 2 millions de passagers par an, et se positionne comme un hub commercial et économique. Il offre des liaisons directes vers les hubs aéroportuaires mondiaux : Paris, Bruxelles, New York, Addis Abeba et vers les principales capitales ouest et centre africaines grâce à la compagnie panafricaine ASKY et ses partenaires.
– la position stratégique du Togo comme porte d’entrée naturelle au marché de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest :
Le Togo occupe un positionnement clé en Afrique de l’Ouest, en se trouvant au cœur du corridor Abidjan (Côte d’Ivoire) – Lagos (Nigéria) et en offrant un accès direct à la mer aux pays de l’hinterland (Burkina-Faso, Niger, Mali).
Ce positionnement est d’autant plus avantageux pour les entreprises installées au Togo. En effet, le Togo est membre de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) avec un marché de 122 millions d’habitants et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour un marché de 350 millions d’habitants.
– l’attractivité de l’environnement légal et fiscal :
Le Togo offre aux investisseurs trois types de régimes fiscaux adaptés à leurs activités :
· Un régime douanier de droit commun reposant sur un code général des impôts modernisé ;
· Un code des investissements attractif adopté en 2019 et qui offre aux investisseurs des réductions et exonérations fiscales, pour tout investissement au Togo d’un montant supérieur ou égal à 50 millions FCFA (76.000 Euros) ;
· Un régime de zone franche particulièrement intéressant, pour les entreprises dont 70% de la production destinée à l’exportation.
– Une population jeune et qualifiée :
Avec environ 70 % de la population ayant moins de 35 ans, le Togo dispose d’une force de travail conséquente. Le taux d’alphabétisation est de 85% ; la main d’œuvre qualifiée, apte à recevoir des formations et à être qualifiée pour tout type d’emploi.
– Un hub financier :
Le Togo abrite le siège des plus grandes institutions financières, notamment la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC), Ecobank et Oragroup.
Pour terminer, je voudrais profiter de cette tribune pour lancer un appel aux hommes et femmes d’affaires du monde entier, de venir explorer les immenses opportunités d’investissements dont regorge le Togo et d’y faire prospérer leurs business.